Prise d'otages à AIR FRANCE
Les cinq salariés d'Air France placés en garde à vue lundi ont été déférés mardi devant un magistrat du parquet et pourraient être jugés prochainement. Ils ont été présentés à un magistrat qui va leur notifier leur convocation pour être jugés, dans un délai court de 10 jours à deux mois. La qualification de "violences aggravées" ayant été retenue, ils risquent la prison et une très forte amende.
La direction d’Air France, le Medef, le gouvernement et « sa » justice ont décidé de frapper fort et vite avec un objectif principal : créer un climat de peur afin de désamorcer la protestation populaire grandissante contre la politique d’austérité et son cortège de licenciements. Au delà du scandaleux traitement des salariés comme s’ils étaient de vulgaires délinquants, au delà de la grotesque mise en scène médiatique, PS, gouvernement, droite, extrême droite et médias à la botte se retrouvent ensemble pour tenter de mater le monde salariale et son organisation syndicale de combat, la CGT. L’affaire dépasse la seule compagnie Air France, elle prépare d’autres mauvais coups. Voilà pourquoi, la riposte doit être à la hauteur de la provocation. (José Fort)
VIOLENTE ET MEPRISANTE : LA JUSTICE DE CLASSE !
Le 12 octobre, à quatre heures trente du matin, dans les commissariats de plusieurs départements proches de Paris, l’alerte était au rouge : rassemblement des policiers, dernier briefing sur la mission, vérification des armes et des gilets pare-balles, répartition des personnels dans les véhicules. L’opération était programmée à six heures pétantes. Il fallait faire vite et éviter les témoins.
S’agissait-il de terroristes préparant un attentat ? De malfrats impliqués dans de sales affaires ? De voyous en col blancs spécialistes du détournement de biens publics, anciens membres des gouvernements d’hier et d’aujourd’hui, de la droite et son extrême ? D’assassins recherchés ? Des responsables de la mort de Remy Fraisse ou l’arrestation des gros bras de la FNSEA ? Vous n’y êtes pas.
Cette rafle visait plusieurs salariés d’Air France suspectés d’avoir arraché leurs chemises à des membres de la direction venus annoncer des milliers de licenciements après s’être octroyés, eux et leur PDG, des augmentations de salaires allant de 30 à 70%.
Manuel Valls, a promis des « sanctions lourdes » contre ceux qu’il avait qualifiés de « voyous ». Ils risquent trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. De quoi seraient-ils coupables ? D’avoir laissé exploser leur colère parce que leur vie et celle de leur famille est en danger ? D’avoir dit non aux 2 900 licenciements secs annoncés par la Direction ?
Valls dans tout cela ? Ses ridicules poses martiales et sa pitoyable mise en scène médiatique avec, à ses côtés, les héros dérisoires du capital chahutés la veille, à nouveau propres sur eux, enchemisés de frais, le Manuel s’est piégé en procédant, de lui-même, au dévoilement de son véritable statut politique : cul et chemise, lui et son gouvernement sont à la botte du capital ! Piètre révélation de ce que tout le monde sait, tellement la « macronisation » de cette gauche aura crucifié jusqu’aux apparences de gauche !
Les organes officiels de communication ont pris le relais et la Tribune n’a pas hésité à titrer « Air France : une majorité de Français comprend les actes de violence contre la direction« . À longueur de journée, les médias nous expliquent que la lutte de classe n’existe pas et que les intérêts des travailleurs et du patronat concordent parfaitement. Mais les mêmes médias, mènent cette lutte de classe en prenant fait et cause pour le patronat contre les salariés, en défendant les licencieurs contre les licenciés, le capital contre le travail. Qui encore dans notre société peut accorder foi à des médias qui sont plus proche de la propagande que de l’information ?
On peut rêver d’un jour où les médias passeraient en boucle la détresse des gens qui se retrouvent privés d’emploi en les assortissant de condamnations ad hoc des agissements patronaux. Ça signifierait qu’on a remis l’économie à sa place, c’est à dire au service de l’homme au lieu d’en être le despote. Mais, parmi toutes les chaînes de télé, qui veulent donner l’impression d’une diversité, tous les analystes, tous les experts et les économistes sont tous des libéraux. Les journaux et autres médias, télévisés ou non ne sont rien d’autre que de la communication dont les autoproclamés journalistes ne sont que des animateurs. Rappelons que 95% des gros médias sont détenus par sept milliardaires !
Pour la caste dirigeante la violence physique est insupportable, alors que la violence sociale est totalement légitime, il n’y a aucune violence à jeter à la rue des milliers de personnes dés l’instant ou les actionnaires sont satisfaits.Alors que d’un coté l’on parle d’une chemise déchirée, de marque , certes, mais seulement une chemise, l’on oppose de l’autre des licenciement qui entraineront des milliers de gens dans les affres du chômage et de la précarité, des divorces et peut-être même des suicides … elle est ou la justice? Il est ou ce gouvernement soit disant de gauche?.
L’ordre libéral, c’est ça! Cela nous montre combien le travailleur n’a plus voix au chapitre. L’opinion publique est sommée de condamner les salariés d’Air France. Les patrons ont le cynisme discret des tapis feutrés et l’égoïsme de leurs clubs fermés de décision, les salariés ont le pouvoir de l’émotion brouillonne et de la mobilisation indignée. La violence des exploités et des exploiteurs ne peut pas être mise sur le même plan. Serions-nous revenus au temps de la répression anti-ouvrière la plus noire ?
L’ancien ministre socialiste Jules Moch s’était distingué en 1948 en faisant tirer sur les mineurs en grève. Il les qualifiait de « racailles ». Manuel Valls a vu des « voyous » parmi les salariés désespérés d’Air France et a fait donner la police. Les années passent, les méthodes des puissants ne changent pas pratiquant la même violente et méprisante justice de classe..
Article de J.P.N réalisé en surfant sur le net
Sources : 2CR
« Le patronat n’a pas besoin, lui, pour exercer une action violente, de gestes désordonnés et de paroles tumultueuses ! Quelques hommes se rassemblent, à huis clos, dans la sécurité, dans l’intimité d’un conseil d’administration, et à quelques-uns, sans violence, sans gestes désordonnés, sans éclats de voix, comme des diplomates causant autour du tapis vert, ils décident que le salaire raisonnable sera refusé aux ouvriers ; ils décident que les ouvriers qui continuent la lutte seront exclus, seront chassés, seront désignés par des marques imperceptibles, mais connues des autres patrons, à l’universelle vindicte patronale.
[...] Ainsi, tandis que l’acte de violence de l’ouvrier apparaît toujours, est toujours défini, toujours aisément frappé, la responsabilité profonde et meurtrière des grands patrons, des grands capitalistes, elle se dérobe, elle s’évanouit dans une sorte d’obscurité. »
Jean Jaurès, discours devant la Chambre des députés, séance du 19 juin 1906
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