Réforme des retraites : tous perdants
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Alors que la pression monte contre ce projet de retraites par points, le gouvernement essaie de nous enfumer, mais confirme, qu'il ira jusqu'au bout !... Il cherche à diviser les salariés en faisant croire que la mobilisation du 05/12 ne concerne que les régimes spéciaux (seulement 3% des salarié.e.s) ou les fonctionnaires supposé.e.s privilégié.e.s ! C’est faux !
Baisse des pensions
Avec un calcul sur l’ensemble de la vie professionnelle (au lieu des 25 meilleures années dans le privé ou les 6 derniers mois dans le public), la baisse est mécanique pour les carrières complètes.
Le niveau de dépenses pour les retraites va être gelé (à 13,7 % du PIB) alors que le nombre de retraité.e.s va augmenter. Nous n’aurons aucun contrôle sur la revalorisation du point, base du calcul des retraites.
Allongement de fait de l’âge de départ en retraite à 64 ans minimum !
Le gouvernement annonce ne pas toucher à l’age de départ de 62 ans mais prévoit des mesures en parallèle pour nous forcer à travailler plus tard. Il envisage soit la création d’un « âge pivot » flexible, fixé à 64 ans pour la génération 1963 (avec un malus de 10 % si départ à 62 ans) soit directement une nouvelle augmentation de la durée de cotisation.
Ce rapport n’apporte aucun élément nouveau susceptible de justifier de nouvelles mesures régressives. Il apparaît comme une stricte opération de communication.
Un déficit organisé pour justifier une dégradation des retraites pour toutes et tous
Ce déficit est tout d’abord construit de toutes pièces. Le COR lui-même souligne que « le solde financier du système de retraite […] dépend de manière cruciale de la convention [comptable] retenue. » Il acte, ainsi, que « la part des ressources consacrées au système de retraite dans le PIB diminue sur la période de projection. »
Ce déficit est mis en scène pour présenter des scénarios permettant, par divers moyens, d’augmenter l’âge effectif de départ en retraite et/ou de baisser le niveau des pensions. Alors que le gouvernement prétendait épargner les générations antérieures à 1963, il apparaît désormais qu’elles seront touchées, au même titre que les autres, par des baisses du niveau des pensions présentées dans le rapport du COR à la demande du Premier ministre. Quel que soit notre régime ou notre âge, nous serons bien toutes et tous concerné·e·s par cette réforme des retraites.
Pourtant, le COR note que les réserves du système de retraite sont évaluées à 5,6 % PIB, largement suffisantes donc pour passer le cap de 2025. De plus, le COR est bien obligé de reconnaître que l’équilibre financier pourrait facilement être atteint par une hausse modeste des cotisations : en moyenne, 1 point de cotisation supplémentaire à l’horizon 2025. Même en se basant sur les évaluations de déficit du rapport, la situation, on le voit, n’a rien de dramatique.
Une baisse programmée du niveau des pensions
La baisse généralisée du niveau des pensions qui s’annonce est la conséquence logique du choix du gouvernement, fondamental mais jamais discuté, de plafonner les dépenses de retraites, au maximum, à leur niveau actuel (13,8 % du PIB). La proportion de retraité·e·s dans la population augmentant, c’est leur appauvrissement qui est ainsi programmé. La capitalisation deviendrait ainsi, dans cette logique, un complément indispensable pour les générations les plus jeunes… pour celles et ceux qui en auraient les moyens. Cette baisse du niveau des pensions, déjà programmée par les « réformes » passées, serait encore aggravée si le projet de système par points était mis en œuvre. Il diminuerait, en effet, automatiquement le taux de remplacement (pension/salaire) pour toute augmentation de l’espérance de vie. Les retraites et les retraité·e·s des générations à venir deviendraient, ainsi, une variable d’ajustement des finances publiques.
Remettre en cause ce dogme du plafonnement des dépenses de retraites est donc une nécessité pour éviter la dégradation de nos retraites. Les solutions de financement ne manquent pas (voir l'encadré 2).
1. Un déficit construit de toutes pièces
Le rapport du COR que nous avons pu consulter pointe un déficit prévu pour 2025 compris entre 7,9 et 17,2 milliards d’euros, pour l’ensemble des régimes de retraite en 2025, soit entre 0,3 % et 0,7 % du PIB.
Selon le COR lui-même, ce déficit serait la conjonction de deux effets. Côté dépenses, la part des retraites dans le PIB resterait stable à 13,8 % d’ici 2025, ceci grâce à une diminution des pensions par rapport aux salaires, de l’ordre de 3 %.
Le déficit proviendrait donc de la baisse des ressources affectées aux retraites qu’organise le gouvernement. Celles-ci passeraient, selon les projections du COR, de 13,7 % du PIB à 13,2 % en 2025. Ainsi, le COR fait l’hypothèse d’une baisse forcée des effectifs de la fonction publique et d’une hausse plus faible des salaires du public par rapport à ceux du privé (en particulier de la non-revalorisation du point d’indice de la fonction publique). Les cotisations versées par le secteur public baisseraient alors de 0,3 point de PIB. La quasi-totalité du déficit provient de l’austérité salariale et de la baisse des effectifs publics. C’est la double peine : les salaires stagnent, les effectifs publics décroissent ; c’est un argument pour baisser les retraites.
La fixité des taux de cotisation est une convention comptable - et une décision politique - qui ne tiennent pas compte de l’obligation du gouvernement de financer les retraites du secteur public.
Avec la convention comptable qui stabilise les cotisations et contributions du secteur public en pourcentage du PIB, le déficit, en 2025, ne serait que de 8 milliards (0,3 % du PIB). Encore ce chiffre incorpore-t-il une perte de recettes de 2 milliards liée à la non-compensation des exonérations de cotisations et des moindres transferts de 2 milliards de la CNAF et de l’Unedic. La prévision est pessimiste quant à la baisse du chômage et à la hausse du taux d’activité des femmes d’ici 2025.
Il n’y a pas de déficit important autre que celui résultant de conventions comptables.
2. Il est possible et nécessaire de résorber le déficit et financer nos retraites.
Pour contrer cette évolution et améliorer la situation actuelle, des recettes nouvelles sont nécessaires et possibles… à condition de remettre en cause ce dogme du plafonnement des dépenses de retraites.
Tout d’abord, même en acceptant les chiffres du COR, la situation n’a rien de dramatique. En 2025, la dette sociale serait remboursée, ce sont donc 16 milliards, utilisés actuellement pour rembourser les marchés financiers, qui seront disponibles. D’autres pistes existent pour résoudre les déficits à court terme. Il faudrait que l’État respecte son engagement à compenser les exonérations de cotisations sociales puis mette fin à ces exonérations. Elles représentent globalement une perte 5,2 milliards par an pour la Sécurité sociale et n’ont, de plus, jamais fait la preuve d’effets positifs sur l’emploi.
À moyen terme, les projections du COR sont claires : une augmentation modérée des cotisations sociales (de l’ordre de 0,2 point par an) permettrait d’enrayer la baisse des pensions tout en maintenant la progression des salaires nets. Au-delà, il serait possible d’élargir l’assiette des cotisations sociales aux revenus financiers en soumettant à cotisation tous les revenus distribués.
Rappelons que la France est championne d’Europe quant aux dividendes versés aux actionnaires.
Macron veut imposer aux salariés, sous couvert des fausses annonces du COR, une double peine : le recul de l’âge réel de la retraite – puisqu’il faudrait plus d’années cotisées qu’actuellement – tout en instituant une décote de 10 % avant 64 ans pour toutes et tous.
Visiblement, ce gouvernement n’entend pas que 70% des Français sont contre son projet de régression sociale et soutiennent les mobilisations qui se construisent à partir du 5 décembre.
Le gouvernement passe sous silence la possibilité évoquée dans le rapport du COR de choisir d’augmenter les recettes par l’augmentation des salaires donc des cotisations sociales ou de mettre fin aux exonérations fiscales accordées aux grandes entreprises, afin d’améliorer les droits à la retraite des salariés du privé comme du public.
C’est ce que défend la CGT et d’autres organisations syndicales, de jeunesse, associations qui, toutes, appellent à la grève le 5 décembre.
L’heure n’est pas à commenter des pseudos « rapports » d’un conseil d’orientation au service à la fois du gouvernement et du patronat. Il s’agit tous ensemble d’informer des mauvais coups en préparation et d’organiser, partout, sur les lieux de travail, une mobilisation massive qui impose l’abandon du projet Delevoye-Macron et l’ouverture de négociations sur la base des propositions de progrès social.
Une augmentation générale des salaires serait non seulement bénéfique en termes de recettes de cotisations sociales mais aurait aussi un effet vertueux sur la demande effective et donc sur l’investissement des entreprises.
La question de l’emploi, et particulièrement de l’emploi des femmes, est décisive alors que les hypothèses du COR sont très conservatrices sur ce paramètre. De même, aller vers l’égalité de salaires entre les femmes et les hommes serait un puissant facteur de dynamisation de l’économie et de rentrée de cotisations.
Sources pour parties : Le Réseau retraites : Attac, la CGT, Les économistes atterrés, Nos retraites (collectif citoyen), Union syndicale Solidaires, la Fondation Copernic, FSU, Unef
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