Sarko-DSK, le casting obligé de 2012 ?
Le sondage (très orienté) Harris-Parisien qui annonçait Marine Le Pen présente au deuxième tour et le résultat des cantonales, affolent les "maîtres a penser" et instille le pire des poisons dans la future campagne présidentielle : Celui (10 ans après), de tuer le débat démocratique légitime au nom d'une nouvelle injonction du genre «Tout sauf Le Pen».
On connaissait déjà la pensée unique, on avait testé le choix unique en 2005, lorsqu’il était nécessaire de dire « Oui » au référendum sur la Constitution européenne sous peine d’être considéré comme un simple d’esprit. Voilà aujourd’hui le jeu unique, celui de la présidentielle 2012.
Il s’agit d’un dé (pipé) à deux faces, offert gratuitement et quotidiennement aux futurs électeurs: pile c’est Sarkozy, face c’est DSK. Chacun devra l’avoir en poche (et en tête) jusqu’à l’échéance décisive, afin de ne pas se tromper et de ne pas s’égarer en cours de route !
En vertu de quelles règles non écrites ? Le premier tour aurait-il déjà eu lieu dans l’indifférence générale ? Les citoyens de ce pays auraient-ils donc voté à l’insu de leur plein gré ?
La seule confrontation attendue est celle qui a été planifiée, organisée, décrétée par les médias, sur la base de ces sondages qui donnaient Edouard Balladur au deuxième tour de la présidentielle, en avril 1995, date à laquelle l’ex-Premier ministre ne passa pas la barre du premier tour.
Les médias et les experts n’ont pas de mémoire. Sous prétexte de posséder une science qui leur permet de prédire l’avenir politique sans avoir besoin d’en passer par le choix du peuple, ils rejouent une comédie où tout est ficelé par avance. A quoi bon écouter ce que peuvent dire Jean-Luc Mélenchon, André Chassaigne, François Bayrou, Nicolas Dupont-Aignan, ou Besancenot ? Dès lors que certains ont décrété que tous ces candidats ne seraient pas au deuxième tour fatidique, leurs contributions idéologiques sont jugées nulles et non avenues. Les voix dissidentes sont systématiquement éliminées, afin de ne garder que les deux poulains de deux écuries supposées concurrentes, choisis pas les "élites".
La seule hypothèse recevable, serait donc le « mano à mano Sarko/DSK ». L’avantage d’une telle "confrontation", c’est qu’elle permet de rêver à un vrai-faux débat évacuant les choix de société fondamentaux. Car enfin, entre l’actuel Président de la République et le chef du Fonds Monétaire International (FMI), où sont les vraies différences et les vraies oppositions ? Certes, l’un est de droite et l’autre serait de gauche. Et alors ? Une fois établi ce simple constat, que peut-on en conclure ? Qui peut dire que l’un est plus ou moins néolibéral que l’autre ?
Poser les bonnes questions
La première réponse renvoie à ce que l’on pense être de la tactique politique. Nier un phénomène, c’est à moitié l’effacer, du moins le dit-on. Vouloir rattacher la montée de Marine Le Pen à de simples problèmes conjoncturels, au « climat » créé par le sarkozysme en pleine décomposition, c’est une manière de nier justement l’existence de ces problèmes de fond. On espère aussi, c’est une évidence, que la presse bien pensante se déchaînera contre elle. Seulement, ce qui passe pour du conjoncturel peut aussi relever du symptôme. Le rejet par les citoyens écoeurés de la chose politique (la corruption, les affaires)...C'est pourquoi la diabolisation du FN fonctionne de moins en moins bien.
Le liberalisme et l'europe en cause
La seconde réponse est encore plus tragique. Il n’est plus ici question de tactique mais de principes. La cécité devant la montée de Marine Le Pen dans les sondages est le produit d’une autre cécité, d’un autre aveuglement, mais qui est lui bien plus grave. À prétendre que l’Europe libérale nous défend et que l’euro nous protège, quand tout montre le contraire voilà ce que l’on récolte. Seulement, l’aveuglement a ses raisons. Du PS à l’UMP, parce qu’ils ont donné la main au tour de passe-passe qui a tenté d’effacer le « Non » au Référendum de 2005, ne veut ni ne peut voir les problèmes réels, puisque partie prenantes de l'arnaque.
Comment réagir ?
En vérité, jouer d'avance le deuxième tour de la présidentielle est une imposture intellectuelle doublée d’un déni de démocratie. Le citoyen normalement constitué se contrefout d’une échéance qui viendra en temps voulu, après un premier tour qui permettra d’évoquer les grandes et vraies questions qui se posent au pays (on peut toutefois l’espérer).
Sources:
D’après Jack Dion et
Jacques Sapir - Marianne
-Voir aussi
Présidentielle : Le Coup de 2002 ?
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