Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Il y a 80 ans la guerre d'Espagne

Publié le par frico-racing

L'horreur en Espagne...Le début de la Seconde guerre mondiale...en fait ! La République massacrée par le coup d'état fasciste de FRANCO, soutenu par HITLER... GUERNICA écrasée sous les bombes de l'aviation nazie.
Il y a 80 ans la guerre d'Espagne

Publication initiale en juillet 2004 - Entretien réalisé par Théophile Hazebroucq, (L'Humanité)

Il y a 80 ans, le 18 juillet 1936, un coup d'État militaire se répercute dans l'Espagne. S'en suit une guerre civile de trois ans. A cette occasion nous republions notre entretien avec Rémi Skoutelsky, historien spécialiste de la guerre d'Espagne, qui revient sur cet événement et sa postérité dans le siècle passé.

Comment éclate la guerre civile espagnole ? Rémi Skoutelsky. Au début du XXe siècle, l'Espagne est encore quasiment au XVIIIe. La Catalogne et le Pays basque sont développés, mais le reste du pays est totalement féodal. Après les élections municipales de 1931, le roi, grand-père de l'actuel Juan Carlos, s'enfuit, et la République est proclamée. Elle ne sera pourtant jamais légitime. La petite bourgeoisie patriote est numériquement faible, et du côté ouvrier, la force dominante anarchiste reste hostile à toute " démocratie bourgeoise ". Les deux piliers de la monarchie, l'Église et l'armée ne songent nullement à un compromis. C'est un gouvernement de front populaire - alliance des socialistes, des communistes, et des républicains de gauche - qui est au pouvoir depuis le mois de février en Espagne. S'il y a déjà eu de nombreux putschs dans le pays, celui de 1936 s'inscrit dans un contexte international particulier. En Europe, la lutte fait rage entre l'alliance fascisme-nazisme et le mouvement ouvrier, surtout depuis que le Komintern a abandonné sa ligne gauchiste qui mettait dans le même sac démocratie et fascisme. La conjuration militaire déclenche le putsch à l'issue de plusieurs semaines de guerre civile larvée : grèves dures d'un côté, assassinat de militants et de républicains de l'autre. Avant même l'intervention de Mussolini et Franco au côté des factieux, le monde entier lit les événements à travers la grille fascisme-antifascisme. L'échec du coup d'État entraîne une révolution dans la zone restée fidèle à la République et, inévitablement, la guerre civile, qui plonge immédiatement l'Espagne au coeur des affrontements internationaux. Pour quelles raisons l'Angleterre et la France refusent-elles d'intervenir ? Rémi Skoutelsky. Les intérêts de ces deux États ne sont pas identiques. La bourgeoisie anglaise est d'emblée favorable aux putschistes, même si elle voit d'un mauvais oeil l'ingérence de Hitler et Mussolini. La France, elle, est gouvernée par un Front populaire. La première réaction de Blum est d'ailleurs d'envoyer des avions en Espagne, qui permettront de constituer l'escadrille Malraux. Au bout d'une dizaine de jours cependant, il estime que la meilleure tactique consiste à installer un cordon sanitaire autour de l'Espagne afin que ni l'Italie ni l'Allemagne ne puissent aider les nationalistes. Compte tenu du rapport de forces initial, cela aurait peut-être assuré la victoire républicaine. Mais malgré l'accord de non-intervention, Allemands et Italiens continuent à ravitailler Franco sans discontinuer. En France, le gouvernement doit affronter une violente campagne de droite . Les radicaux, par crainte que l'Allemagne ne se saisisse de ce prétexte pour déclarer la guerre à la France, menacent de faire exploser la coalition de Front populaire si Blum aide l'Espagne. En outre, la Grande-Bretagne a prévenu la France de la caducité de leur alliance si la guerre éclatait pour ce motif-là. Mais la peur la plus déterminante, chez Blum, est vraisemblablement celle d'une réaction de l'armée en France. Il maintient donc la politique de " non-intervention ", même si les armes soviétiques passeront par la frontière des Pyrénées. La guerre d'Espagne génère un formidable mouvement de solidarité qui conduit pour la première fois des milliers de volontaires à combattre pour une nation qui n'est pas la leur. Comment s'explique cet élan ? Qui s'engage, et pourquoi ? Quel rôle jouent les Brigades Internationales sur le terrain ? Rémi Skoutelsky. Toute l'Europe vit au rythme de ce premier conflit de l'ère des médias. Les opinions publiques sont exacerbées. En France par exemple, les tensions restent vives après la fin de la grève générale de l'été 1936. On y vit en fait une véritable guerre civile par procuration, à travers l'Espagne. Entre 1936 et 1939, être de gauche, antifasciste, ou humaniste, c'est d'abord soutenir la République espagnole. Le corollaire de l'existence de régimes fascistes est l'arrivée massive dans les pays voisins de l'Espagne, à commencer par le nôtre, d'une importante immigration antifasciste.

Des centaines de communistes allemands, d'anarchistes italiens ou de réfugiés des pogroms juifs polonais rejoignent dès l'été 1936 les milices ouvrières espagnoles. Lorsque l'URSS se décide enfin à aider la République, par des livraisons d'armes d'une qualité au demeurant douteuse, il ne saurait être question d'envoyer en masse des soldats. Elle cherche en effet à se rapprocher de la France et de la Grande-Bretagne et ne veut surtout pas prendre le risque de s'attirer leur hostilité. Étant donné le potentiel de volontaires antifascistes, le Komintern décide donc de créer les Brigades internationales. Elles draineront 35 000 combattants : des ouvriers, dans leur écrasante majorité, de tous pays mais d'abord de France, plus tout jeunes, et loin d'être tous communistes. Ils joueront un rôle fondamental dans la bataille de Madrid et dans l'organisation de l'armée républicaine.

Quel est l'élément décisif de la défaite du camp républicain ?

Rémi Skoutelsky. Quoi qu'en disent certains historiens, le déséquilibre en armement est flagrant, quantitativement et qualitativement, entre les républicains qui ne disposent que du matériel soviétique pas toujours de première main, et Franco qui bénéficie d'une aide à guichet ouvert des nazis. C'est d'abord cela qui a pesé. L'affrontement inégal entre une armée professionnelle côté factieux, renforcée de surcroît par des dizaines de milliers de soldats italiens (heureusement pas très motivés), et des militants prêts au sacrifice suprême mais inexpérimentés côté républicain constitue, à mon avis, avec le déséquilibre des armes,la première cause.

Les divisions du camp républicain lui ont aussi porté préjudice et il est trop simple de les attribuer uniquement au Parti communiste espagnol. Mais son rôle de parti de "l'ordre" et l'interventionnisme de moins en moins discret des Soviétiques pour remettre en cause les conquêtes révolutionnaires de l'été 1936 pèsent.L'attaché militaire de l'ambassade de France - pas à proprement parler un gauchiste - note alors : "Si le gouvernement d'ici devait perdre la guerre, ce ne serait pas pour des fautes tactiques et techniques, mais pour avoir porté atteinte à sa seule force, l'élan révolutionnaire de l'armée.

"Pourquoi les divisions républicaines ne se sont-elles pas effacées derrière une sorte d'union sacrée ? Rémi Skoutelsky. On a peine à imaginer la violence de la société espagnole de l'époque, y compris au sein du mouvement ouvrier. Les luttes entre socialistes et communistes français, dans les années vingt-trente, par exemple, ne sont rien à côté des affrontement entre la centrale syndicale socialiste, l'UGT (Union générale des travailleurs), et les libertaires de la CNT-FAI (Confédération nationale du travail - Fédération anarchiste ibérique). Les méfiances réciproques ne s'effacent guère pendant la guerre civile. Si des militants anarchistes sont " liquidés ", des communistes sont également assassinés par des libertaires. L'important est de comprendre que cette méfiance, exacerbée par le rôle des Soviétiques, se traduit à tous les niveaux : du gouvernement aux unités sur le front. La tentative d'éradication du POUM, parti communiste antistalinien (après les journées insurrectionnelles de Barcelone en mai 1937) n'est pas faite non plus pour apaiser les inquiétudes des démocrates.

Quel lien peut-on établir entre cette guerre d'Espagne et la Seconde Guerre mondiale ?

Rémi Skoutelsky. Il s'agit d'un prélude, de la première bataille. Le gouvernement républicain ne s'y était d'ailleurs pas trompé. Son objectif, à partir de l'été 1938, était de tenir jusqu'à la guerre pour bénéficier de l'aide de la Grande-Bretagne et de la France. Par ailleurs, elle a joué le rôle fondamental de laboratoire de l'armée nazie : la " guerre éclair " qui écrasera la France en quelques semaines est, par exemple, testée en Aragon. Enfin, les vétérans de la guerre civile joueront un rôle déterminant du côté des Alliés. On retrouvera ainsi des Espagnols dans la Résistance française et des anciens des Brigades internationales, dans les FTP (Francs-tireurs et partisans), les FFI (Forces françaises de l'intérieur), les commandos américains ou encore les maquis de Tito.

La dictature de Franco peut-elle être imputée à l'indifférence des puissances occidentales ? Rémi Skoutelsky. Après-guerre, c'est certain. À partir de 1943, Franco se rapproche des Américains. La tentative des maquisards espagnols de reprendre l'offensive, à partir du Val d'Aran en 1944, est un désastre. La guerre froide arrivant, Franco est dans le " bon " camp. Mais, au-delà, on peut retenir un aspect positif de cette guerre. À mon avis, l'Europe est née en Espagne, car les peuples européens se sentent directement concernés par ce qui s'y passe. L'internationalisme n'est pas qu'un humanisme. Il repose sur la solidarité, donc sur un sentiment de proximité : ce qui se passe là-bas peut se passer chez nous.

Mais le phénomène des Brigades internationales est aussi étroitement lié aux conditions historiques : il reste unique dans l'histoire. Il serait toutefois faux de prétendre que la conscience internationaliste est morte avec la République espagnole. Il n'est qu'à voir l'élan de solidarité en France au moment des attentats de Madrid, ou les mouvements altermondialistes. Le rapport à la violence, à l'engagement physique, lui, est différent.

POUR EN SAVOIR PLUS DECOUVREZ NOTRE MINI SITE CONSACRE A LA GUERRE D'ESPAGNE EN CLIQUANT SUR CETTE LIGNE}}}}}

Articles associés :

  1. Après l’assassinat d’Hervé Gourdel
  2. La stratégie de l’émotion
  3. Les Etats-Unis, un modèle ? Non merci !
  4. Hiroshima, Nagasaki, il y a 70 ans l'horreur nuc
  5. 1945/2015...Retour sur le pacte germano-soviétique - frico-racing-passion moto
  6. Les théories du complot - frico-racing-passion moto
  7. 16 juillet 1942 : La rafle du Vel’ d’Hiv
  8. Manifestations interdites...Libertés en danger !
  9. COUP DE GUEULE : l'OTAN c'est la guerre
  10. Vers un TOTALITARISME rampant ?
  11. Paris 13 novembre 2015 - frico-racing-passion
  12. La peur gouverne ! - frico-racing-passion mot
  13. Etat d'urgence et libertés...
  14. NON à l'Union Sacrée ! - frico-racing-passion m
  15. La NOVLANGUE...LORSQUE LES MOTS PERDE
  16. Sécurité routiere et guerre psychologique - fric
  17. INSECURITE : Les RAISONS de la VIOLENCE ?
  18. Horreur à CHarlie HEBDO - frico-racing-passi
  19. CHARLIE : Non à la récupération !
  20. « EuroGendFor » : l’armée privée de l’UE, contre les peuples !
  21. TUEUR au T-MAX : Poser les bonnes questions !
  22. Ils préparent la guerre...et les esprits
  23. CETTE PSEUDO DÉMOCRATIE ... qui peut nous
  24. Les dessous de la guerre au MALI
  25. La France de Hollande, caniche d’Obama...
  26. Syrie : La guerre seule solution ?
  27. Quand les Américains voulaient gouverner la France
  28. Connaissez vous le TISA ?
  29. Le Grand Traité Transatlantique (TAFTA) expliqué aux nuls
  30. Histoire: Mon Mai 68 ou...
  31. Ukraine : Déclaration du Comité Valmy
  32. Que c'est il passé LE 6 JUILLET 1880 ?
  33. Vietnam. Le pays célèbre les 60 ans de la victoire de Diên Biên Phu
  34. Chavez est mort
  35. Anniversaire : "La chute du mur"
  36. Humeur : Pas touche au CHE !
  37. Henri Alleg est mort
  38. 11 Septembre...1973
  39. Retour sur "le choc pétrolier" de1973
  40. Nucléaire et désarmement
  41. Il y a 40 ans : La «révolution des œillets »
  42. "La Grèce a servi de cobaye à la théorie du choc"
  43. Stratégies de manipulation des masses
  44. L'EURO ? L'ARNAQUE !
  45. L'EURO a dix ans
  46. La machine à abrutir ne connaît pas la crise
  47. La lutte des classes ? Une réalité objective !
  48. La guerre des classes est déclarée
  49. Lecture : "L'INVENTION DE LA CRISE"
  50. la "supériorité" de la civilisation occidentale ?
  51. USA Exécution de Troy Davis
  52. Le FN parti ouvrier ??
  53. FASCISME ET CAPITALISME - frico-racing-pa
  54. 1er janvier 1959 : Viva CUBA - frico-racing-pas
  55. Etat d'urgence et libertés... - frico-racing-passi
  56. VOYAGE à CUBA
  57. Meurtre fasciste à Paris
  58. Terrorisme, peurs, propagande et désinformation
  59. La guerre des classes est déclarée
  60. Histoire : Les origines du 8 mars
  61. Histoire du 1er mai
  62. Les 70 ans de l'affiche rouge
  63. Nelson Mandela est mort
  64. HISTOIRE : 17 octobre 1961, un crime d'état occulté
  65. PHILOSOPHIE - frico-racing-passion moto"
  66. Traité d'athéologie" Michel Onfray - frico-raci
  67. Le 21 février 1965, Malcolm X était assassiné -
  68. 1er janvier 1959 : Viva CUBA - frico-racing-passion moto
  69. Etat d'urgence et libertés... - frico-racing-passion moto
  70. FASCISME ET CAPITALISME - frico-racing-passion moto
  71. 6 évrier 1934
  72. Histoire : 50 ème anniversaire de Charonne
  73. Stéphane Hessel reste vivant
  74. Il y a vingt ans, Nelson Mandela était libéré.
  75. J F.Kennedy : le 22 novembre 1963
  76. "I have a dream" : c'était il y a 50 ans
  77. Vote utile ou vote futile ?
  78. Il y a 110 ans, disparition de Louise Michel
  79. Je ne m'occupe pas de politique
  80. 18 septembre 1981 : La France abolit la peine de mort
  81. Histoire : L’armistice du 11 novembre 1918
  82. 27 février 1933 : Incendie du Reeichstag
  83. Ils ont tué Jaurès, le centenaire
Partager cet article
Repost0

1 2 3 4 5 6 7 > >>