DISSOUDRE L’EURO, DISSOUDRE L’EUROPE ?
Une interrogation hante les esprits des anciens européistes : si l’on dissout l’Euro ne risque-t-on pas de dissoudre l’Union européenne ? On peut comprendre d’où vient l’idée. Ces ex-européistes, ou « euro-réalistes » comme ils se nomment parfois, reconnaissent les erreurs qui ont été commises, que ce soit dans la conception de l’Euro que dans sa mise en œuvre. Mais ils ajoutent que le remède évident risquerait d’être pire que le mal, en ceci qu’une dissolution de l’Euro risquerait d’entrainer celle de l’UE. En fait, on peut leur retourner la question.
De nombreuses voix, qu’il s’agisse d’économistes ou de sociologues, disent aujourd’hui que c’est l’existence même de l’Euro qui met en péril l’Union Européenne. Il y a eu des textes techniques, comme celui de Stefan Kawalec and Ernest Pytlarczy, ou encore celui de Brigitte Granville et H-O Henkel, ou encore celui de Flassbeck et Lapavitsas. Plus récemment c’est Stefano Fassina, économiste du Parti Démocrate Italien (dont Renzi est issu), et ancien vice-ministre à l’Économie et aux Finances dans le gouvernement Letta, qui a franchi Rubicon. De même Wolfgang Streeck, un sociologue et économiste a publié dans Le Monde une longue tribune pour indiquer que l’Europe doit abandonner la monnaie unique. Ce dernier montre bien que quand Mme Merkel dit « Si l’Euro échoue, l’Europe échoue », elle ne fait pas que défendre la position de l’Allemagne. Elle exprime aussi la crainte des élites allemandes d’être à nouveau accusées de « casser l’Europe » comme ce fut le cas en 1914 et en 1939.
On lit souvent des formules intellectuellement affligeantes telles que « l’Euro c’est la paix sur le continent européen » ou encore « l’Euro, c’est l’Europe ». Ce sont des injures à l’intelligence qui montrent un mépris de l’histoire et de ses réalités. La paix sur le continent européen tout d’abord n’est que partielle. On l’a vu dans les Balkans. Mais, si la paix est par contre bien établie en Europe occidentale, on le doit à la combinaison de deux faits, la dissuasion nucléaire et la réconciliation franco-allemande, elle-même fruit du travail que les Allemands ont réalisé sur leur propre histoire. Rien de tout cela n’est lié, de près ou de loin, à l’Euro. Par ailleurs, n’oublions pas que sur les 27 pays de l’Union Européenne seule une partie d’entre eux fait partie de la zone Euro. Une fois litière faite de ces contrevérités, on peut tenter une analyse dépassionnée de la question de la coopération et du conflit.
L’union monétaire est présentée comme une avancée dans la voie de la coopération entre États européens, ce qu’elle est indiscutablement. Mais elle n’est pas viable dans sa forme actuelle. Les pays de la zone Euro sont très loin de constituer une « zone monétaire optimale » et ce quelque soit le sens que l’on donne à cette notion. Les divergences structurelles entre les économies qui la composent, qui étaient déjà importantes au départ, se sont en fait accrues depuis 2002-2003. Il faudrait un effort budgétaire considérable de la part des plus riches pour harmoniser cette zone. Le maintien dans l’Euro est une politique qui porte en elle les ingrédients pour un renouveau du conflit franco-allemand mais aussi des divers conflits intra-européens. Au contraire, une sortie de l’Euro, qu’il s’agisse de la France ou de l’Allemagne ou des relations entre l’Allemagne et les autres pays (Grèce, Italie), permettrait de dédramatiser ces relations.
On tend souvent à la confondre avec la coopération. Or, il s’agit bien de deux concepts distincts. Le premier indique une volonté consciente des deux parties à obtenir un résultat commun. Le second indique que les effets de la politique menée séparément par chaque acteur peuvent aboutir à ce résultat commun. La coopération, si elle touche à des questions fondamentales, implique une mise en phase des cycles politiques dans un grand nombre de pays, une occurrence fort rare. Elle n’est réellement possible que pour un petit nombre de pays et implique un niveau d’homogénéité élevé. La coordination repose, quant à elle, sur des présupposés beaucoup plus réduits. Elle suppose qu’un pays réagisse à l’action d’un autre et que, d’action en réaction, à travers des mécanismes largement implicites, puisse se dégager un but commun.
Retrouver la coordination impose de cesser de rêver à une impossible coopération. La volonté seule de coopérer ne suffit pas. Encore faut-il que les circonstances et que le rapport de forces s’y prête. Or, un pays – l’Allemagne – bénéficie trop de la situation actuelle pour vouloir en changer. Mais la volonté de coopérer fait aussi écran à l’établissement, possible et immédiat, de politiques de coopération.
En réalité, l’obsession de défendre l’Euro est en train de faire éclater l’Union Européenne. Ce processus avait été décrit il y a près de 3 ans dans le livre Faut-il sortir de l’Euro ? Il faut prendre la mesure de ce que cela implique. Plus longtemps nous resterons prisonniers de l’Euro et plus violents seront effectivement les soubresauts qui accompagneront la sortie de l’Euro. Le risque d’un nouveau conflit européen devient chaque mois qui passe de plus en plus évident. Si nous voulons préserver la paix en Europe il nous faut dissoudre l’Euro.
Jacques SAPIR (Par 2CR)
« Nous devons apprendre à vivre comme des frères, faute de quoi nous périrons comme des imbéciles »… Pasteur Martin Luther King
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Sortir de l'Euro suite !...Par Bernard Maris - frico-racing-passion moto
L'économiste Bernard MARIS* avait changé d'avis ! ... Il était pour la sortie de l'Euro ! L'économiste Bernard Maris professeur des universités à l'Institut d'études européennes de l'univer...
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