La dette publique est une invention !
Pour ne rien rater, abonnez vous à mon blog (gratuit) newsletter en bas de page à droite
"Il est une chance que les gens de la nation ne comprennent pas notre système bancaire et monétaire, parce que si tel était le cas, je crois qu'il y aurait une révolution avant demain matin".
S’il y a bien un domaine, en économie politique, où le néolibéralisme se livre à une véritable guerre idéologique et à une campagne permanente de désinformation, c’est bien à propos de la dette publique. Bruno Tinel, maître de conférences en économie à l'Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne, se propose dans son dernier ouvrage Dette publique : pas de panique !, avec la rigueur et la clarté qui s’imposent, de tordre le cou aux grandes inepties sur le sujet que nous servent quotidiennement les contempteurs de la dette publique, sérieusement aidés en cela par les médias dominants. Après avoir démonté l’erreur première du moins naïve sinon niaise, d’envisager des analogies pertinentes entre la dette publique et celle d’un ménage, l’économiste nous rappelle les vertus des deniers publics empruntés. D’une part, à court terme, en finançant les dépenses publiques, ils soutiennent la demande intérieure, ce qui stimule l’activité économique et donc l’emploi. Voilà pour l’effet contra-cyclique, via les stabilisateurs automatiques, de la dépense publique financée par l’emprunt, plus élevé d’ailleurs que si celle-ci est financée par l’impôt. C’est le traditionnel effet multiplicateur keynésien, systématiquement dénigré par les libéraux et dont les études empiriques, pourtant, même celles du Fonds monétaire international qui ne passe pas pour une antenne du keynésianisme, attestent de son effectivité, même si en économie ouverte, on le sait plus faible qu’en économie fermée. Dans ces conditions, en situation de crise, nous rappelle Bruno Tinel, bien légitimement, la stratégie de réduction du poids de la dette publique, par la diminution des dépenses publiques, est vaine : en ralentissant la croissance économique, celle-ci freine les rentrées fiscales et parafiscales, ce qui maintient le niveau du déficit public à défaut de l’aggraver, tout en impactant négativement l‘emploi. On mesure mieux, dans ces conditions, s’il en était besoin, le degré d’incohérence et d’imposture des politiques d’austérité menées au sein de la zone euro, ces dernières années, au lourd fardeau porté par les seuls chômeurs et travailleurs précaires ! D’autre part, à long terme, en finançant des dépenses publiques d’investissement, notamment dans les infrastructures, à la source d‘externalités positives pour les entreprises et d‘une attractivité territoriale accrue pour les investissements étrangers, ou des dépenses dans des services publics fondamentaux comme l’éducation et la santé, l’emprunt public va jouer un rôle décisif dans l’augmentation de la capacité productive du pays, via une hausse de l’efficacité productive des facteurs de production. L’amélioration de la croissance potentielle permet donc à long terme plus d’emplois et moins de chômage,………et moins de déficit et de dette publics. On retiendra également dans ce travail de remise des pendules à l’heure sur les vérités de la mécanique de l’endettement public, la mise en pièces des arguments libéraux traditionnels critiques à l’encontre des politiques budgétaires de relance. En particulier, il est important de souligner, comme le fait l’auteur, que le fameux effet d’éviction sur l’investissement privé que provoquerait le déficit public - selon lequel l’État serait ainsi responsable, par ses emprunts sur les marchés de capitaux, d’une hausse des taux d’intérêt à long terme, ce qui découragerait l’investissement privé -, ne relève que du fantasme des détracteurs de la dette publique, dans la mesure où aucune étude empirique n’a pu valider pareil effet pervers supposé. L’analyse menée, dans cet ouvrage, des évolutions de long terme des dettes publiques, au cours des dernières décennies, dans les pays du G7, elle aussi, met bien en lumière le discours fallacieux des néolibéraux sur le sujet. La montée du poids de l’endettement public n’a rien à voir avec un hypothétique emballement de la dépense publique, comme ces derniers ne cessent d’essayer de le faire croire car, bien au contraire, on observe une décélération du rythme de la progression des dépenses publiques. Bruno Tinel met en évidence les deux rouages essentiels prévalant à l’accroissement observé du poids de la dette publique. D’une part, le triomphe d’un capitalisme actionnarial, à partir du début des années 80, en privilégiant la rémunération des actionnaires au détriment de l’investissement productif, a pénalisé la productivité et donc la croissance économique. D’autre part, les déficits publics se sont accrus sous l’effet des baisses récurrentes d’impôts, ayant profité au passage relativement plus aux revenus élevés qu’aux foyers modestes. Enfin, le démontage des idées-reçues, distillées par les néolibéraux, est également très instructif sur la question de l’hypothétique fardeau transféré aux générations futures que constituerait la dette publique. En effet, comme l’auteur le rappelle très justement, à chaque fois qu’il y a une dette, il y a, comme contrepartie, une créance. La dette publique se traduit donc aussi par un transfert intergénérationnel de créances, d’où l’escroquerie intellectuelle qui consiste à la présenter, de façon simpliste, comme un transfert de richesse négatif au détriment des générations futures et, ainsi, éluder la vraie question de fond à son propos en matière de transfert de richesses, celle des rapports de force sociaux intragénérationnels, c’est-à-dire entre les classes sociales. Un éclairage de Bruno Tinel, ici, ô combien salutaire face à la fable néolibérale du conflit intergénérationnel de la dette publique, reprise en cœur à longueur de journée, par toutes les forces politiques de droite, des représentants politiques jusqu’aux journaleux des médias dominants,………pour le plus grand malheur de l’information du citoyen ! Remercions Bruno Tinel pour son remarquable travail d’analyse passionnant et didactique de 234 pages. Et pour seulement huit euros ! C’est aux Éditions Raisons d’Agir.
Le Club est l'espace de libre expression des abonnés de Mediapart. Ses contenus n'engagent pas la rédaction.
/http%3A%2F%2Fwww.mediapart.fr%2Fimages%2Fsocial%2F800%2Fclub.png)
Démontage salutaire de l'analyse néolibérale de la dette publique
S'il y a bien un domaine, en économie politique, où le néolibéralisme se livre à une véritable guerre idéologique et à une campagne permanente de désinformation, c'est bien à propos de la...
Article original
Articles associés :
- Après l’assassinat d’Hervé Gourdel
- 6,5 millions de chômeurs
- La stratégie de l’émotion
- Les Etats-Unis, un modèle ? Non merci !
- Les théories du complot - frico-racing-passion moto
- 16 juillet 1942 : La rafle du Vel’ d’Hiv
- Manifestations interdites...Libertés en danger !
- COUP DE GUEULE : l'OTAN c'est la guerre
- Vers un TOTALITARISME rampant ?
- Paris 13 novembre 2015 - frico-racing-passion
- La peur gouverne ! - frico-racing-passion mot
- Etat d'urgence et libertés...
- NON à l'Union Sacrée ! - frico-racing-passion m
- La NOVLANGUE...LORSQUE LES MOTS PERDE
- Sécurité routiere et guerre psychologique - fric
- INSECURITE : Les RAISONS de la VIOLENCE ?
- Horreur à CHarlie HEBDO - frico-racing-passi
- CHARLIE : Non à la récupération !
- « EuroGendFor » : l’armée privée de l’UE, contre les peuples !
- TUEUR au T-MAX : Poser les bonnes questions !
- Ils préparent la guerre...et les esprits
- CETTE PSEUDO DÉMOCRATIE ... qui peut nous
- Les dessous de la guerre au MALI
- La France de Hollande, caniche d’Obama...
- Syrie : La guerre seule solution ?
- Quand les Américains voulaient gouverner la France
- Connaissez vous le TISA ?
- Le Grand Traité Transatlantique (TAFTA) expliqué aux nuls
- Histoire: Mon Mai 68 ou...
- Ukraine : Déclaration du Comité Valmy
- Que c'est il passé LE 6 JUILLET 1880 ?
- Vietnam. Le pays célèbre les 60 ans de la victoire de Diên Biên Phu
- Chavez est mort
- Anniversaire : "La chute du mur"
- Humeur : Pas touche au CHE !
- Henri Alleg est mort
- 11 Septembre...1973
- Retour sur "le choc pétrolier" de1973
- Nucléaire et désarmement
- Il y a 40 ans : La «révolution des œillets »
- "La Grèce a servi de cobaye à la théorie du choc"
- Stratégies de manipulation des masses
- L'EURO ? L'ARNAQUE !
- L'EURO a dix ans
- La machine à abrutir ne connaît pas la crise
- La lutte des classes ? Une réalité objective !
- La guerre des classes est déclarée
- Lecture : "L'INVENTION DE LA CRISE"
- la "supériorité" de la civilisation occidentale ?
- USA Exécution de Troy Davis
- Le FN parti ouvrier ??
- FASCISME ET CAPITALISME - frico-racing-pa
- 1er janvier 1959 : Viva CUBA - frico-racing-pas
- Etat d'urgence et libertés... - frico-racing-passi
- VOYAGE à CUBA
- Meurtre fasciste à Paris
- Terrorisme, peurs, propagande et désinformation
- La guerre des classes est déclarée
- Histoire : Les origines du 8 mars
- Histoire du 1er mai
- Les 70 ans de l'affiche rouge
- Nelson Mandela est mort
- HISTOIRE : 17 octobre 1961, un crime d'état occulté
- PHILOSOPHIE - frico-racing-passion moto"
- Traité d'athéologie" Michel Onfray - frico-raci
- Le 21 février 1965, Malcolm X était assassiné -
- 1er janvier 1959 : Viva CUBA - frico-racing-passion moto
- Etat d'urgence et libertés... - frico-racing-passion moto
- FASCISME ET CAPITALISME - frico-racing-passion moto
- 6 évrier 1934
- Histoire : 50 ème anniversaire de Charonne
- Stéphane Hessel reste vivant
- Il y a vingt ans, Nelson Mandela était libéré.
- J F.Kennedy : le 22 novembre 1963
- "I have a dream" : c'était il y a 50 ans
- Vote utile ou vote futile ?
- Il y a 110 ans, disparition de Louise Michel
- Je ne m'occupe pas de politique
- 18 septembre 1981 : La France abolit la peine de mort
- Histoire : L’armistice du 11 novembre 1918
- 27 février 1933 : Incendie du Reeichstag
- Ils ont tué Jaurès, le centenaire