Lorsque l’État prétend nous dire la vérité, il ne dit que «sa» vérité... ou ses mensonges..."
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FIGAROVOX/ENTRETIEN - Sur le site du gouvernement, une plateforme (1) recense désormais certains articles de journaux jugés «sûrs et vérifiés». Est-ce son rôle? Pour le professeur de communication Arnaud Benedetti, lorsque l’État entend démêler le vrai du faux parmi les contenus publiés par la presse, sa démarche est nécessairement suspecte.
Arnaud Benedetti est professeur associé à l’Université Paris-Sorbonne. Il est rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire, et a notamment publié Le coup de com’ permanent (Cerf, 2018).
FIGAROVOX.- Le gouvernement a annoncé, par un tweet de sa porte-parole Sibeth Ndiaye, la mise en place d’une recension des articles de presse jugés fiables. Ce «fact-checking» est-il vraiment de son ressort?
Arnaud BENEDETTI.- Cette initiative gouvernementale traduit la grande fébrilité d’un pouvoir exécutif qui, faute de pouvoir censurer, se transforme en certificateur de l’information. Il va de soi que ce n’est pas à l’État de procéder à ce travail. Les plus grands mensonges de l’histoire ont souvent été, au demeurant, propagés par des États. Depuis le début du mandat, Emmanuel Macron se veut l’archange de la lutte contre les fake-news. Il a fait légiférer de manière aléatoire et discutable à ce sujet. Le Premier ministre lui-même lors de la présentation de sa stratégie de déconfinement s’en est pris aux réseaux sociaux et autres commentateurs.
Lorsque l’État prétend nous dire la vérité, il ne dit que « sa » vérité.
Que se passe-t-il dans les faits? Une bataille autour de la communication gouvernementale qui depuis le début de cette crise a été prise à de nombreuses reprises en défaut de vérité. Tout se passe comme si, loin d’accepter son erreur et de la reconnaître, seul moyen de desserrer le doute quant à la parole officielle, le pouvoir bunkerisait sa com’, se précipitait dans une fuite en avant, s’enfermait dans une escalade du déni. Dans une démocratie libérale, la vérité est d’abord l’affaire de l’espace public où se nouent argumentation et contre-argumentation et où les médias, parmi et avec d’autres, débattent de cette dernière dans un cadre nécessairement pluraliste. Lorsque l’État prétend nous dire la vérité, il ne dit que «sa» vérité... ou ses mensonges. En d’autres termes, ce dispositif n’est rien d’autre qu’une tentative maladroite d’en revenir à une forme de ministère de l’information, voire d’un «bureau de l’esprit public» tel que les révolutionnaires le créèrent en 1792...
Alimenter l’idée que certains médias ou journalistes seraient plus fiables que d’autres, est-ce une atteinte à la liberté de la presse, «quatrième pouvoir» des pays démocratiques ? (La France est au 34em rang mondial pour la liberté de la presse source RSF)
«À bas bruit» comme l’a rappelé Pierre Manent dans vos colonnes voici quelques jours, sous couvert de lutte sanitaire, nous malmenons toujours un peu plus l’esprit de la démocratie libérale. L’État doit d’abord protéger la liberté d’expression dont la presse est l’une des conditions. Ici, non seulement il s’engage dans un chemin non dépourvu de partialité, mais il prétend se substituer au libre-arbitre citoyen pour nous dire comment nous devons lire la presse. Tout d’abord c’est oublier que les journalistes indépendants sont les mieux à même de procéder à ce travail de vérification, c’est ensuite omettre que dans un régime pluraliste il n’a pas à se faire l’arbitre des titres de presse entre eux, c’est enfin nier l’autonomie imprescriptible de la société, l’un des principaux acquis des régimes démocratiques.
Nous vivons une séquence d’infantilisation par la com’.
Avec ce dispositif, l’exécutif n‘informe pas sur son action, il se «dé-neutralise», se banalise au point d’être un acteur lambda, une agence de com’ en quelque sorte, qui rentre dans une arène où il n’est pas légitime. La presse a mis des décennies à se forger son autonomie par rapport au pouvoir et lorsque l’État entend interférer dans la relation du citoyen aux médias, il s’arroge encore une fois une mission qui n’est pas la sienne. Il montre seulement qu’il entend aller toujours plus loin dans ce que l’on appelle la «gouvernance des conduites». Nous savons comment nous laver les mains, nous savons que nous ne devons pas nous déplacer sans une autorisation, nous allons savoir ce que nous devons lire, croire ou ne pas croire... Nous vivons une séquence rare d’infantilisation par la com’.
Le gouvernement lui-même peut-il totalement s’exonérer de la responsabilité d’avoir répandu quelques informations, sinon mensongères, du moins erronées?
C’est là où le bât blesse justement. La réalité, c’est que depuis le début de cette crise la maturité de la société est peut-être inversement proportionnelle à l’immaturité de l’État. Que sommes-nous en droit d’exiger d’une communication publique? De la transparence d’abord! Nul besoin de retracer la généalogie de cette crise pour comprendre que le «clair-obscur» a été le moteur communicant de l’exécutif. C’est dire que l’émetteur qui prétend au «fact-checking» est suspect, déjà parce que l’État n’a pas à usurper cette tache, mais qu’en outre au regard de la mémoire très fraîche de la crise il n’est pas crédible.
Que ce soit la porte-parole du gouvernement, dont la crédibilité est amplement consommée, qui se fasse le relai de ce dispositif ouvre la voie à toutes les critiques. Pour lutter contre la post-vérité, mieux vaux éviter soi même d’en être le produit. Reste à comprendre les ressorts profonds de cette annonce. Il arrive un moment où les organisations ne peuvent plus reculer. C’est ce que l’on appelle l’escalade de l’engagement, où une structure ne parvient plus à enrayer la mécanique de déni qu’elle a enclenché. Sa survie est alors indexée sur la perpétuation de ce déni. Ce n’est là plus l’État légal-rationnel mais une forme pathologique d’État. L’administration fédérale aux USA savait dès 1965 qu’elle avait perdu la guerre au Vietnam, mais elle a préféré mentir à son opinion. C’est un peu la même chose avec la pénurie des masques qui n’a pas fini de fragmenter la réputation de l’exécutif et de démonétiser sa parole.
On en veut moins à un homme qui reconnaît ses erreurs qu’à celui qui persiste dans le faux-semblant.
Que dire enfin de l’impact de ce «coup de com’» au cœur d’une crise qui révèle, plus béantes que jamais, les fractures de la défiance française à l’égard de ceux qui la gouvernent?
Le «café du commerce», n’en déplaise au Premier ministre, est moins sensible à la propagande que les élites. Jacques Ellul rappelait que le «propagandé» est souvent plus instruit que la moyenne, plus assis socialement aussi car il trouve dans une certaine forme de propagande intellectuelle des réponses à ses angoisses existentielles et à sa volonté de comprendre un monde qui lui échappe. Aujourd’hui les opinions publiques sont sans doute plus exposées que par le passé à des processus de désinformation massifs et continus, mais si elles y adhèrent, c’est aussi parce que les pouvoirs publics n’ont pas hésité bien des fois à dire et à se dédire , à «fictionnaliser» la réalité, à la tronquer.
Il y a quelque chose de vicié dans la langue de l’exécutif depuis des semaines, une mauvaise peau communicante dont il aurait fallu se débarrasser autrement que par la dénégation et parfois la suffisance. Aristote dit quelque part qu’on en veut moins à un homme qui reconnaît ses erreurs qu’à celui qui persiste dans le faux-semblant...
À l’heure du maelström numérique, de l’infosphère aussi volumineuse que piégeante, l’instrumentalisation de la com’ est devenue un exercice presque désespéré. La «désintox» du gouvernement dans ces circonstances ne fait que renforcer le soupçon de dissimulation qui pèse depuis des semaines sur son expression.
1)- Face au tollé le gouvernement semble avoir reculé pour le moment (souligné par moi)
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