« Traces de gomme » : de Marc Bertrand
À l’occasion de la sortie de son receuil « Traces de gomme (2008 - 2013) », nous sommes partis à la rencontre du dessinateur de presse, Marc Bertrand.
Moto-magazine : Marc, ce recueil de tes Traces de gommes qui paraissent chaque mois dans Moto-Magazine depuis 1997 est le troisième volume (le premier est sorti en 2003, le second en 2008). Ça fait donc un album tous les cinq ans…
Marc Bertrand : Oui… comme c’est du « dessin de presse » lié à des faits d’actualité, certains dessins se périment assez vite, quand d’autres gardent toute leur saveur, soit parce que l’actualité à laquelle elle se réfère a vraiment marqué les esprits, soit parce que ça évoque des thèmes récurrents, comme la répression routière, par exemple. Et puis quelques-uns sont plutôt des dessins d’illustration plus léchés que des crobards de presse et ça fait plaisir de les détailler… mais je me revendique plus comme un dessinateur de presse, c’est-à-dire un journaliste qui dessine en éditorialisant son propos, en prenant le contre-pied, souvent par l’absurde. Un dessinateur de presse, c’est l’insolent de service… un dessin peut agacer ou faire rire, mais au final, c’est au lecteur de l’interpréter comme il veut.
Le résultat doit rester léger et ne pas trop se prendre au sérieux, même si certains thèmes abordés sont graves, comme notamment la politique, la défense des libertés individuelles qui est une question transversale dans les débats portant sur la sécurité routière, par exemple.
MM : Justement, tu es passé en 2009 du métier de journaliste à celui de chargé de mission sécurité routière à la FFMC, tout en continuant à dessiner dans Motomag… tu es donc bien placé pour observer ce qui va inspirer tes dessins ?
MB : Je suis même aux premières loges. Mais en même temps, ma fonction de dessinateur permet de prendre un peu de distance par rapport au milieu de la sécurité routière où l’ambiance n’est pas tellement à la rigolade ! Et puis le dessin de presse est un mode d’expression très libre et très interactif : on peut se permettre des trucs qu’on ne pourrait pas écrire, qu’on ne pourrait même pas dire sans se faire tomber dessus, surtout dans l’hystérie de la bien-pensance ultra médiatisée actuelle.
Enfin, tous mes dessins n’évoquent pas non plus la sécurité routière ou les luttes de la FFMC… le milieu de la moto souvent caricatural en soi, fournit déjà, à lui seul, pas mal d’occasions de se marrer de soi-même et de ses congénères.
MM : Tu roules toujours beaucoup à moto ?
MB : Quasiment tous les jours… déjà pour aller bosser vu que c’est le meilleur moyen de circuler en région parisienne… Et puis aussi parce que j’aime ça, au point de me perdre sur des routes inconnues, seul ou pour aller retrouver d’autres motards(es) dès que je le peux dans des rassemblements de motos anciennes et un peu décalées, là où l’on trouve encore de fortes personnalités, des gens pas encore trop formatés. J’y retrouve des humains qui ne font pas forcément de beaux discours, mais ce sont des gens qui restent attachés à la liberté, à la camaraderie et à la solidarité, comme dans « les copains d’abord » de Brassens.
Mon pote José du Fanakick Motorcycle Club (une bande d’affreux adorables) dit que « la moto, c’est un plaisir solitaire qui se pratique à plusieurs ». J’aime bien cette formule… j’imagine déjà le dessin !
(Motomag.com 11/2013)
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